Gérer son Auto Ecole
Parcours d'une jeune gérante d'auto-école
Jeune gérante d’une auto-école à Bellefontaine en Martinique, Nelly Doham utilise une idée innovante, celle de filmer ses élèves pendant leurs cours de conduite.
Dans cet article, j’interviewe Nelly, qui décrit son parcours, explique comment elle est devenue enseignante de la conduite et de la sécurité routière, puis gérante de sa propre auto-école Bel-Conduite à moins de 30 ans.
Pour tous ceux qui souhaitent ouvrir une auto école, ce témoignage vous donne un avant goût de ce que vous devez traverser avant de pouvoir accueillir votre premier client.
Bonjour Nelly, peux-tu te présenter ?
Bonjour Audrey,
J'aurai 30 ans dans moins d'un mois. J'habite à Bellefontaine, en Martinique.
J'ai eu un bac S puis, j'ai poursuivi mes études en « économie et gestion de l'entreprise » à l'UAG (Université des Antilles-Guyane). J'ai obtenu une maitrise sciences économiques option économie et gestion de l'entreprise.
J'ai effectué une formation professionnelle en comptabilité à l'AFPA pour avoir des compétences vu que la formation à l'université était plutôt théorique. Ensuite, j'ai passé mes certificats de capacité de transport voyageurs et marchandises afin de gérer une entreprise de transport.
J'ai commencé à bosser dans la petite entreprise de transport de mon père. J'en assurais la gestion (je le fais toujours d'ailleurs).
Mais, suite à la perte d'un marché public, j'ai réalisé que je ne devais pas tout miser dans ce domaine et que le transport serait une activité secondaire car avec cette histoire d'appel d'offre, pendant 5 ans, on peut bien manger et 5 ans après, on peut mettre la clé sous la porte.
Donc, à partir de ce constat, mon objectif était d'avoir plusieurs flèches à mon arc.
J'ai fait quelques stages et j'ai bossé quelques mois en comptabilité.
En travaillant dans le secteur de la comptabilité, j'ai réalisé que discuter tout le temps avec des feuilles et rester enfermée dans un bureau, ce n'était pas pour moi. Il me fallait d'un métier où je pouvais allier bureau et paysage.
Un jour du mois de septembre 2009, en conduisant, j'ai entendu à la radio que la clôture des inscriptions pour l'examen d'enseignant de la conduite et de la sécurité routière était le 5 octobre.
Le soir, je suis rentrée chez moi, je me suis documentée sur cet examen et les perspectives d'évolution dans ce métier et surtout la possibilité de pouvoir créer mon auto-école. Ca m'a plu... C'est décidé j'allais devenir monitrice auto ecole.
Pourquoi tu as choisi ce métier de monitrice d'auto-école ?
J'aime conduire. Je pense que le domaine du transport, je l'ai dans le sang. On dira plutôt que c'est de famille. Mon frère aussi est dedans, il est ingénieur à la SNCF.
J'aime être en contact avec les gens. J'aime prendre des risques.
Ce métier allie enseignement et conduite. Je baigne dans ces secteurs d'activité depuis petite car mon père est entrepreneur de transport et ma mère était enseignante.
Je recherchais un métier qui alliait intérieur et extérieur aussi, avec la possibilité de créer ma boîte.
Créer ma boite, c'était mon objectif depuis le lycée. J'ai toujours dit et répété que je voulais être mon propre chef... Ca doit être encore de famille : mon père étant chef d'entreprise, j'ai des tantes aussi qui sont à leur compte.
Et puis dans le secteur de la sécurité routière, il y a de belles perspectives d'évolution de carrière : BAFM, IPCSR.
Depuis 2010, je suis donc enseignante de la conduite et de la sécurité routière.
Puis, j'ai passé le permis D pour être plus polyvalente dans l'entreprise familiale.
En décembre 2010 (je ne me rappelle plus de la date), quand le décret sur la suppression de l'expérience professionnelle pour gérer une auto-école est sorti, j'étais tellement contente.
Je pouvais enfin créer ma propre entreprise, devenir mon propre patron.
Mais je ne l'ai pas créée tout de suite car j'ai préféré d'abord être salariée dans une auto-école afin d'acquérir plus d'expériences.
En 2011, en même temps que je bossais dans une auto-école, j'ai préparé mes permis C et EC pour passer le BEPECASER mention groupe lourd.
Je suis partie en métropole pour préparer cet examen, à Orléans, que j'ai eu en octobre 2011.
Ce fut une expérience difficile mais très belle. J'en ai bavé car je ne connaissais pas la région, j'étais seule à Orléans, les routes et la signalisation ne sont pas comme en Martinique. Il faisait froid en plus. J'ai tenu bon. Et au final, j'ai réussi.
Je suis retournée en Martinique après.
J'ai continué de travailler dans ce secteur, je formais et préparais les élèves à l'examen du permis B et en même temps, je bossais sur mon projet de création d'entreprise. Cela m'a pris environ 1 an.
Depuis quand es-tu gérante d’auto-école ?
J'ai créé mon auto-école le 30 Octobre 2012.
J'ai obtenu l'agrément en février 2013 et je n'ai pu commencer mon activité qu'à partir du mois d'avril.
Cela fait à peine 6 mois que mon activité a réellement débuté.
Qu'est-ce qui t'as amené à ouvrir ta propre auto-école ?
L'ambition depuis le lycée, de devenir mon propre patron, comme je l'ai dit plus haut ....
Comment as tu choisi ton local pour installer ton auto-école ?
Audrey de B-Permis : Comme je l’explique dans mon guide électronique "Ouvrir une auto-école", le choix du local est déterminant à la survie de l’entreprise.
Je l'ai installé au rez-de-chaussée de chez mes parents.
Ce n'est pas trop loin du bourg
As-tu fait une étude de marché ? Comment as tu financé ton ouverture ?
Alors, en même temps que je bossais, je suis restée toujours inscrite sur la liste des demandeurs d'emploi (je m'actualisais chaque mois).
Grâce à cela, j'ai été suivie par Insert Development (cabinet de conseil en création d'entreprise) et j'ai pu intégrer le dispositif NACRE.
J'ai fait une étude de marché. En ayant une base en gestion, j'ai commencé à travailler sur les dossiers qu' Insert Development a corrigés et finalisés.
Certaines banques sont frileuses.
Je m'étais adressée à "X" , ce fut une perte de temps.
Je me suis adressée ensuite à la BRED qui a cru en mon projet et qui m'a accordé un petit prêt.
Grâce à cela, j'ai pu obtenir un prêt NACRE du même montant.
Sans argent, quelqu'un ne peut pas ouvrir une auto-école car à la base, rien que pour ouvrir le compte, il fallait déposer une certaine somme d'argent.
Comment as-tu trouvé ton stage de capacité de gestion ? Avec le recul, le trouves-tu utile ?
Je n'ai pas eu à faire ce stage de capacité de gestion vu que j'ai une formation en gestion.
Obtenir l’agrément n’a pas été trop difficile et trop long ?
Pas du tout, j'ai déposé ma demande au mois de novembre. La commission est passée fin janvier.
Mes deux maîtres de stage ont toujours été présents pour moi, ils m'ont bien conseillé.
Comment as-tu eu l’idée de filmer les cours de conduite ?
C'est en me documentant sur internet que j'ai vu cela.
Certaines auto-écoles l'utilisaient déjà en métropole. Il y en a même une qui a déposé une marque.
J'ai trouvé que cet outil était innovant et pouvait me démarquer un peu.
Comment vis tu cette soudaine célébrité ? Je ne fréquente plus le circuit des centres d’examen de Martinique mais je suppose que ça jase depuis l’article du France Antilles ?
Soudaine célébrité?. Célébrité de quoi?.
Tu dis cela sûrement parce que tu as trouvé l'article du France Antilles, très bien.
Je garde les pieds sur terre. Article ou pas, je reste la même.
Je ne sais pas si ça jase ou pas car je ne me mélange pas trop (c'est un conseil qu'on m'a donné).
Audrey de BSoft Team : On t’a donné un très bon conseil !
La semaine prochaine, j'ai examen, je verrai si ça va jaser ou non (lol).
Quelques personnes m'ont félicité.
D'autres, non (lol!!)
Que penses-tu des simulateurs de conduite ? C’est la suite logique de ta démarche d’innovation?
"Simulateurs de conduite : suite logique de ma démarche d'innovation"
Pourquoi ? Pas forcément
Il faudrait que j'en teste un pour donner mon avis.
Jamais testé donc je ne peux rien dire dessus
Comment as-tu fait la publicité de ton auto-école au moment du lancement ?
J'ai commencé tardivement ma campagne de communication, d'ailleurs elle n'est pas finie.
Fin juillet, j'ai publié ma page facebook.
Début Août, j'ai posé deux panneaux aux abords de la route nationale.
J'ai un peu raté le rush des grandes vacances car on ne savait pas que j'existais.
Pour te donner un exemple, j'ai eu au mois d'aout quelques élèves qui m'ont dit : "ça fait à peine quelques jours, qu'on a su qu'il y avait une nouvelle auto-école à Bellefontaine".
Jusqu'à présent, je fonctionne grâce au "bouche à oreilles".
Je continue de bosser sur ma campagne de communication.
Les débuts n’ont pas été trop difficiles ? Combien as-tu eu d’inscriptions mensuelles en moyenne les 6 premiers mois ?
On dit que les deux premières années sont dures. Effectivement, ça l'est mais il faut se battre.
Je ne fonctionne que depuis 6 mois.
Quand j'ai ouvert, je n'ai fait aucune pub, je n'avais aucun panneau, nulle part. J'ai commencé petit à petit. Je travaille seule.
L'essentiel c'est d'avoir un roulement. Il faut mieux avoir 3-6 inscriptions par mois, qu'en avoir 8-10, d'un seul coup, et les autres mois ne rien avoir.
Un petit mot de conclusion pour ceux qui veulent créer leur auto-école ?
Pour finir, ma devise c'est "qui ne tente rien, n'a rien". !!!
Les jeunes doivent se lancer. On n'a rien à perdre. Au contraire, on a tout a gagné.
Merci Nelly pour cette interview très riche qui sera vraiment utile à nos lecteurs surtout s’ils veulent se lancer.
Pour aller plus loin
Si vous voulez, comme Nelly, créer votre école de conduite je vous conseille de découvrir notre guide électronique "les démarches pour créer une auto-école".
Ce guide fournit de façon synthétique toutes les étapes pour se lancer avec succès.
Si vous voulez vous inscrire à Auto-école Bel' CONDUITE voici les coordonnées :
Bel' CONDUITE
Quartier Cour Tamarin – Rue Joseph LAGROSILLERE 97222 Bellefontaine
0696 33 41 25 / 0596 30 47 14 / Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
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